Collier de débris by Gary Victor

Auteur:Gary Victor
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782897120689
Éditeur: Mémoire d'encrier

Roger était enquêteur. C’était ainsi qu’on nommait les préposés qui allaient dans les quartiers recenser les maisons marquées de rouge par le MTPTC et identifier leurs propriétaires pour pouvoir passer à la phase de démolition. C’était une tâche ardue mieux payée que celle de chef d’équipe. Les enquêteurs repéraient les sites à déblayer et rapportaient toutes ces informations au Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (’UNOPS) qui envoyait des ingénieurs pour finaliser la localisation et évaluer la quantité de débris à enlever. La démolition et le déblaiement étaient confiés ensuite à des ONG.

L’identification des propriétaires n’était pas chose facile. Certains étaient morts, d’autres hors du pays. Des témoins étaient nécessaires pour attester la propriété des demeures. Les CASEC, les mairies, dans le cas de constructions constituant un danger pour la population, pouvaient autoriser une démolition. Convaincre de démolir était ardu. Avec le manque cuisant de logement qui s’était amplifié depuis le séisme, les gens ne se préoccupaient pas de l’injonction du MTPTC et continuaient à habiter des constructions devenues dangereuses. Les propriétaires voulaient toujours savoir ce qui était prévu après la démolition. Ils s’attendaient à ce qu’on leur présente un programme de construction de logements. On comprenait leurs attentes, leurs appréhensions. Malgré la marque rouge, de nombreuses personnes habitaient dans ces maisons parce qu’ils n’avaient nulle part où aller. Ensuite, la démolition allait laisser un terrain vide qu’on squatterait à la faveur du climat de chaos provoqué par le séisme. Même les propriétaires dont les maisons avaient été pratiquement rasées par le tremblement de terre hésitaient à profiter du service de déblaiement par peur de voir leur terrain occupé illégalement. Finalement, beaucoup ont accepté l’intervention du projet. C’était une aubaine. On offrait gratuitement démolition et déblaiement. Le propriétaire, dans la mesure du possible, s’empressait de clôturer le terrain déblayé et d’installer un abri ou une tente pour bien signifier sa présence sur les lieux.

C’est grâce à Roger que j’ai vraiment compris l’ampleur et la complexité de l’enlèvement des débris. Il faut identifier les sites de déblaiement, mobiliser les communautés locales, les mairies et les CASEC, procéder à la démolition des maisons marquées de rouge et enlever tous les débris pour les emporter vers les décharges prévues à cet effet. Il était beaucoup question de recyclage. J’avais souvent entendu parler de corridors, de sentiers qu’on pavait d’adoquins, petits blocs pressés faits à partir de débris recyclés. Je demandai à plusieurs reprises à Roger de m’emmener visiter l’un de ces sites de recyclage.

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